Chloé Jeannet
Assistante sociale
«Accueillir et accompagner, sans se substituer.»
Cela fait bientôt six ans que Chloé travaille comme assistante sociale à la Ligue neuchâteloise contre le cancer. Cette future maman pleine de projets apprécie la grande liberté dont elle bénéficie, ce qui lui permet de moduler l’accompagnement en fonction des situations et des besoins de ses clients. Le travail social en milieu médical n’étant pas inclus dans le programme de son Bachelor en travail social, elle a progressivement développé sa pratique et ses propres ressources, apprenant également à gérer ses émotions. Chloé considère que la maladie et la mort font partie intégrante de la vie. Il est important d’accompagner les personnes tout au long de ce parcours, jusqu’à la fin de leur vie. Cet accompagnement palliatif est très spécifique, il fait appel aux valeurs, à la culture, à l’histoire de vie et touche à l’intime.
Chaque personne vit l’annonce d’un cancer à sa manière : il faut faire face, réévaluer ses projets et ses envies. Tous les domaines de la vie sont affectés. C’est un véritable processus de deuil qui s’accompagne d’une multitude de petits et grands défis à relever. La maladie et les traitements ont un impact émotionnel fort, qui se manifeste souvent lorsque la pression se relâche, généralement en fin de traitement. On prend alors conscience de la gravité de sa maladie et de l’impact qu’elle a sur sa vie.
L’assistante sociale est souvent l’une des premières interlocutrices hors du cadre médical. Lors des premiers contacts, les thèmes abordés relèvent généralement de problématiques administratives, financières, sociales et familiales. Ce n’est qu’une fois la relation de confiance établie que des échanges plus profonds, ayant trait au sens et aux priorités de la vie, peuvent avoir lieu. Chloé constate que les personnes d’un certain âge arrivent plus facilement à mettre en balance les notions de qualité et de quantité de vie. Il est important de s’assurer que la personne atteinte dans sa santé ne reste pas dans une situation de déni. Il est cependant tout à fait compréhensible que, connaissant sa situation, elle ne souhaite pas en parler.
Dans de telles situations, chaque personne développe sa propre stratégie d’adaptation pour ne pas sombrer. C’est le temps du bilan, du choix de ce qu’elle veut encore accomplir et vivre. La rédaction des directives anticipées et d’autres dispositions de fin de vie lui permet de reprendre un peu de contrôle sur une situation qui lui échappe.
L’accompagnement offert par la Ligue intègre également les proches, parfois même il ne concerne que les proches. Il convient de leur faire prendre conscience de l’importance, mais aussi de la charge qu’implique le rôle de proches aidants, et de les encourager à prendre soin d’eux-mêmes.
Le rôle de l’assistante sociale est bien souvent d’accueillir et de verbaliser l’impuissance ressentie face à une situation médicale, mais aussi parfois administrative (les assurances sociales, etc.). Anticiper les obstacles à venir permet au patient de conserver son pouvoir d’agir en exprimant ce qui est bien pour lui.
Portrait réalisé en octobre 2024

Voir aussi
Ligue neuchâteloise contre le cancer
Accompagnement bénévole de personnes malades